Les crises politiques, sociales, financières qui secouent le monde actuel installent chaque jour un peu plus la défiance entre les sociétés et les États. Les « révolutions » populaires de ces dernières années sont sans ambiguïté. C'est bien l'approche gestionnaire de l'État et sa mise sous tutelle d'intérêts spécifiques qui indignent et suscitent un rejet des peuples, non l'État en tant que tel. Mais face à ses défaillances, les populations s'auto-organisent ou se tournent vers d'autres « autorités » et repères, qui en viennent à concurrencer, voire à remplacer l'État de manière rampante, autoritaire ou violente.
Se pose dès lors la question de la légitimité de l'État, à savoir ce qui fonde l'adhésion volontaire des populations à ce dernier, lui conférant sa qualité d'autorité politique suprême. La légitimité est au coeur de l'ancrage social, de la définition du sens et des valeurs partagées censés organiser le vivre-ensemble et de l'effectivité de l'État. En cela la question de la légitimité soulève des enjeux graves et importants. Elle est un pilier de la régulation pacifiée des sociétés et une condition de survie de la démocratie.
Cet ouvrage propose une méthodologie pratique de la légitimité pour une refondation démocratique. Si le premier volume avait vocation à décrire des processus de légitimation du pouvoir politique dans différents pays du monde, ce second volet pose les jalons d'une démarche politique, la mise en oeuvre de « l'action publique plurielle ». Jetant un pont entre les théories et les pratiques, il entend donner aux acteurs étatiques et non étatiques les capacités, les moyens et surtout l'envie d'agir pour faire vivre le pluralisme social et aider à son institutionnalisation : l'État refondé.