La «découverte» tardive par les «autorités» à l'occasion de la mort
violente de deux soignantes de Pau, de l'état inquiétant de la
psychiatrie était bien surprenante : depuis des années, après une
période de progrès révolutionnaires de la psychiatrie, en particulier
hospitalière, la situation des secteurs psychiatriques s'était
considérablement détériorée. Ce qui avait été le meilleur appareil de
soins au monde subissait une politique irresponsable : la disparition de
50 % des lits, la pénurie croissante et provoquée en personnels médical
et infirmier, la vétusté des équipements, étaient les symptômes les plus
voyants. Les «autorités» restaient sourdes aux cris d'alarme venant
des organisations scientifiques et syndicales et les médias ne publiaient
pas les éléments qui leur étaient fournis par les professionnels ou
présentaient la psychiatrie publique, même en sa période
d'épanouissement, sous un jour effrayant.
Ce livre relate les progrès de la psychiatrie pendant trois décennies et
la dégradation rapide qu'on a laissée s'installer voire favorisée. Les
textes de 1975 à 2000 reproduits ici en décrivant éléments et facteurs et
suggérant les moyens d'y remédier font justice de la «surprise» et de la
«non-responsabilité» des «autorités». La psychiatrie doit recouvrer les
moyens matériels et humains nécessaires à la pratique humaniste qui a
été son mérite et son honneur. Ce que préconisent actuellement les
«autorités», politiques et technocrates réunis, ne va pas dans ce sens.