«Quand j'ai rencontré Victorien Salagnon, il ne pouvait être pire, il l'avait faite
la guerre de vingt ans qui nous obsède, qui n'arrive pas à finir, il avait parcouru
le monde avec sa bande armée, il devait avoir du sang jusqu'aux coudes. Mais
il m'a appris à peindre. Il devait être le seul peintre de toute l'armée coloniale,
mais là-bas on ne faisait pas attention à ces détails.
Il m'apprit à peindre, et en échange je lui écrivis son histoire. Il dit, et je pus
montrer, et je vis le fleuve de sang qui traverse ma ville si paisible, je vis l'art
français de la guerre qui ne change pas, et je vis l'émeute qui vient toujours
pour les mêmes raisons, des raisons françaises qui ne changent pas.»
A. J.
Titre disponible chez Gallimard, collection «Blanche»