Peut-on éviter une crise encore plus grave que celle qui a failli, en 2008, précipiter l'effondrement de l'économie américaine et du système international ? Avec le temps, beaucoup semblent oublier que les capitalismes sans contrôle de la collectivité vont de crise en crise. C'est une question de pouvoir car il s'exprime dans l'économie et la finance tout autant que dans l'espace politique. La déréglementation a donné une puissance sans précédent à la finance : elle conduit à une crise systémique, structurelle et mondiale. Les théories qui ont servi de justification à cette prise de pouvoir ont failli : elles ont confondu l'affirmation d'une croyance et la puissance des intérêts avec une démarche à vocation scientifique.
Reprendre le programme de l'économie politique, tirer les enseignements de la longue histoire des crises, analyser la diversité d'articulation du politique et de l'économique : cette actualisation de la théorie de la régulation livre une compréhension des origines, du cheminement et de possibles sorties de la présente crise. Comment contrecarrer la résistance de Wall Street et de la City à un retour à la réglementation ? Peut-on reconstruire des règles du jeu à l'échelle internationale permettant qu'émergent et coexistent des styles de développement contrastés, répondant aux attentes des citoyens ? Tant au niveau national qu'à l'échelle internationale, un vigoureux renouveau de la démocratie s'impose. Saura-t-il prendre de court les bulles spéculatives émergentes et éviter que le pouvoir exorbitant des financiers finisse par détruire l'efficacité et la légitimité du capitalisme ?