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Agnès Martin-Lugand

Âge : 44 ans

Mon livre de chevet : Ces messieurs de Saint-Malo de Bernard Simiot

Le dernier livre qui m'a le plus touchée : Les fureurs invisibles du coeur de John Boyne

Le livre que j'offre le plus : je m'adapte à la personne à qui je destine le livre... mais j'ai beaucoup offert la saga Le goût du bonheur de Marie Laberge

Le livre que je souhaite que l'on m'offre : j'attends puisque c'est une surprise !

  


 

Lorsque vous n’écrivez pas, comment occupez-vous votre temps ?

Quand je n’écris pas, je consacre mon temps à mes enfants et mon mari, afin d’être pleinement présente, car durant mes périodes d’écriture qui durent en général plusieurs mois, enfermée dans mon bureau, je suis présente, mais pas totalement. Donc, quand je n’écris pas, j’ai besoin de contrebalancer et de prendre le temps de vivre, tout simplement, de me reposer et de me nourrir l’esprit. Quand j’ai besoin de me défouler et de me dépenser, je marche beaucoup et je fais pas mal de nage. 

 

Votre carrière d’auteure a débuté en décembre 2012, lorsque vous avez auto-édité le travail de deux années d’écriture. « Les gens heureux lisent et boivent du café » a grimpé en trois semaines dans le top des ventes et s’est fait remarquer auprès de l’éditeur Michel Lafon. Aujourd’hui, vos livres sont traduits dans trente-cinq pays et vous avez gagné de fidèles lecteurs au fil des ans. Comment vivez-vous cette notoriété ? Quel a été le moment qui vous a fait prendre conscience du chemin parcouru et de la position que vous occupez à l’heure actuelle ?

J’ai réalisé au fil du temps, en allant dans les salons du livre et en voyant des queues absolument extraordinaires de lecteurs-trices, en ressortant d’une dédicace qui devait durer deux heures et qui finalement en avait duré quatre, ainsi que via la rencontre de personnes me partageant des choses tellement bouleversantes et émouvantes. J’ai vécu aussi des moments particuliers lorsque j’ai eu l’opportunité de faire de la promo à l’étranger. Je ne m’attendais pas à découvrir des librairies de pays et cultures différents remplies de gens pour me rencontrer.

Je ne me suis jamais mis en tête d’écrire pour devenir célèbre. Je n‘ai jamais couru après ça. C’est vraiment l’amour de l’écriture et le fait de partager des tranches de vie et d’amener les lecteurs-trices à réfléchir sur certaines épreuves qui m’ont guidée.

Depuis 10 ans de cette aventure et cette nouvelle vie, je n’ai jamais cherché à intellectualiser les choses, à me dire « pose-toi », réfléchis sur ce qui t’arrive ». J’ai plutôt tendance, depuis le début, à me dire « profite, parce que tout ça peut être tout à fait éphémère. Et si tu souhaites que ça continue, travaille ! ». Je travaille beaucoup, mais j’aime ça. Ça ne me coûte pas du tout, loin de là. Quand je me retourne et que je regarde cette décennie, j’ai la chance de voir mes romans rencontrer un grand lectorat.

J’ai conscience de ce que je vis et j’en suis fière et honorée. Pour cela, je remercie mes lecteurs-trices, sans qui, je ne serais pas là.

 

Considérez-vous que l’écriture soit un exutoire, une thérapie ?

Je n’écris que de la fiction. J’aime me plonger dans mon imaginaire, j’aime créer des histoires, rencontrer des personnages que je ne connais pas dans la vraie vie, vivre des choses à leurs côtés que je n’ai pas vécues, et pour la plupart des cas, j’espère ne jamais vivre. Traverser certaines épreuves ou certaines violences me permet d’avancer dans mon cheminement personnel en tant que femme de 44 ans. Je ne cherche pas à me guérir ou à me soulager de quelque chose en écrivant. En revanche, j’ai pu chercher à poser mes angoisses. Je pense notamment à mon roman « La déraison » qui parle de la mort. C’est un livre qui a fait parler mon inconscient, car j’y ai retranscrit mes propres angoisses. Plus le temps passe, plus je réalise vraiment que tous mes personnages m’ont fait grandir. Je ne suis jamais la même au début et à la fin d’un roman, car il s’est forcément passé des choses dans mon inconscient. Écrire est un moyen de mieux me comprendre et de prendre du recul sur des choses que je ressens dans ma propre vie, mais aussi d’avoir un éclairage nouveau.

 

Lorsque vous parlez de vos livres, vous transmettez une certaine passion et semblez très proche de vos personnages. Vous est-il déjà arrivé d’être émue et au bord des larmes lors de l’écriture de vos livres ?

Beaucoup de personnes m’ont demandé si je n’avais pas fini par terre en écrivant « La déraison ». Certes oui, car les personnages de Joshua et Madeleine sont des personnages extrêmes et bouleversés. Ils m’ont terriblement fait grandir, mais malgré que ce soit une thématique lourde, j’ai eu une écriture hyper sereine. Cela a été une expérience d’écriture d’une intensité folle. J’ai beaucoup pleuré, mais je n’ai pas pleuré de chagrin. C’était plutôt des émotions brutes. J’avais tout un tas de choses qui se passaient à l’intérieur de moi. C’était très fort et très charnel.

 

Parmi tous vos romans, y a-t-il un personnage qui vous ressemble le plus ? Un personnage dans lequel vous avez mis beaucoup de vous ?

Je pense que c’est plus subtil. Il y a des petits bouts, des petites anecdotes ou un petit détail par-ci, par-là, dont je n’ai pas toujours conscience quand je les écris. Parfois je mets des petites choses en forme de clin d’œil à mes amis ou à ma famille.

Je dirais que les personnages ont tous un petit morceau de moi et en même temps, ils m’ont tous laissé un petit morceau d’eux. C’est-à-dire qu’il y a des petites choses qui ont évolué dans ma manière d’être ou dans ma personnalité parce que j’ai vécu un quotidien hyper fusionnel avec mes personnages, donc forcément ça laisse des traces. C’est un peu comme quand nous avons des amitiés très fusionnelles et très profondes, et que nous finissons par attraper les tics de nos amis les plus proches, tout comme l’on parle des amoureux qui finissent par se ressembler.

 

« « L’homme des mille détours » est aussi une manière de dire que nous ne sommes pas tous résilients. »

 

Avez-vous une méthode d’écriture ? Vous imposez-vous une certaine discipline ?

Il y a une (longue) phase durant laquelle je n’écris pas, je cogite. J’ai un petit carnet que je traîne et dans lequel je prends des notes. Cependant, je ne me suis jamais relevée en pleine nuit après avoir eu une idée durant une insomnie. Je pars du principe que si je m’en souviens le lendemain matin, c’est que c’était une bonne idée.

Donc, pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois, ça mouline dans ma tête. Il y a un ou plusieurs personnages qui s’imposent à moi et je m’interroge sur ce que je peux vivre avec eux ou sur ce qu’ils ont besoin de vivre. Puis, une fois que je sens que je suis prête, je rentre vraiment en phase d’écriture. Durant cette phase, je m’impose une discipline qui m’amène à écrire tous les jours, sept jours sur sept, même si c’est un peu moins le week-end.

Tout en étant devant l’écran et les mains sur le clavier, je commence à écrire dans ma tête et puis il y a toujours un moment où je cherche de la musique pour accompagner la scène que je m’apprête à écrire. Généralement, le matin je commence toujours par relire ce que j’ai écrit la veille. Je corrige, modifie et parfois, je repars d’un peu plus loin.

Avant, je commençais très tôt le matin. Mais depuis quelques années, je rentre dans mon bureau vers 9h et m’enferme pour la journée. Je n’en sors que pour manger et marcher. Je peux y rester jusqu’à une heure du matin, cela ne me pose pas de problème. Ce rythme-là dure plusieurs mois. J’ai besoin de quelque chose de très immersif, très intensif et je n’écris que dans mon bureau et pas ailleurs.

 

Vous publiez une pépite par an. Avez-vous déjà été touchée par le syndrome de la page blanche ?

Non. En l’occurrence, cette année avec mon nouveau roman, il y a quand même une petite différence. Je sortais toujours mon livre au printemps, mais au bout de dix ans, j’ai eu envie de briser le rythme d’une parution tous les douze mois. J’ai eu envie de resacraliser l’écriture, car j’ai eu peur de rentrer dans une espèce de surconsommation d’écriture. Il me fallait briser cette routine et accorder plus de temps à l’écriture. J’ai pris six mois de plus, car « L’homme des mille détours » m’a demandé de prendre mon temps. Il m’a fait comprendre qu’on avait besoin de temps pour faire connaissance lui et moi.

 

« Je pense que le fondement même de l’écriture et de la littérature, c’est le doute permanent. »

 

Que pouvez-vous nous dire sur votre nouveau roman, quelle en est la source d’inspiration ?

Je sors des clous par rapport à ce que j’ai fait jusque-là. Le titre a une dimension symbolique par rapport au temps que j’ai pris et au détour pris versus mes habitudes. C’est une femme, il y a déjà quelque temps, qui m’a guidée vers « L’homme des mille détours ». Et très vite, le sujet s’est imposé à moi : ça allait être un roman à plusieurs points de vue.

L’Odyssée d’Homère a été le fil rouge de ce nouveau roman. Deux des personnages ont un attachement très particulier à ce texte d’Homère.

Le livre aborde de multiples thématiques : la violence, la disparition, la fuite – d’où « Les mille détours », la paternité et la parentalité. L’histoire tourne autour de deux hommes : un qui rêve de fonder une famille et un autre qui fuit toute attache dans sa vie. Nous sommes face au désir d’être père et en même temps face au non-désir d’être père. La mer est omniprésente parce qu’un des personnages est plongeur scaphandrier. Donc en rapport à l’apnée, à la plongée et à la sensation de s’exclure du monde quand on est sous l’eau pour oublier ses propres blessures. Une maman de trois enfants sera aussi essentielle dans le roman.

 

Habituellement, les protagonistes de vos romans sont toutes des femmes. Pouvez-vous nous dire comment vous en êtes venue à procéder différemment, cette fois-ci ?

J’avais beaucoup aimé écrire le point de vue de Joshua dans « La déraison ». J’ai senti que j’avais cette envie de me glisser dans la peau d’un homme d’une manière très prégnante. « L’homme des mille détours » change de mes autres livres, car il met les hommes à l’honneur dans ce qu’ils ont de meilleur et de pire. Avec une très grande intensité, les hommes, qu’ils soient dans le meilleur ou dans le pire, m’ont vraiment bousculée et bouleversée tous autant qu’ils sont, même le personnage le plus violent et le plus trouble, car nous ne devenons pas violents et troubles sans raison. « L’homme des mille détours » est aussi une manière de dire que nous ne sommes pas tous résilients. C’est un roman qui m’a emmenée beaucoup plus loin que ce que je pensais à l’origine. Au même titre que les autres, il m’a surprise, car je ne connaissais pas la fin quand j’ai commencé à écrire, mais je ne m’imaginais pas aller aussi loin avec celui-ci.

 

Éprouvez-vous de l’appréhension face à l’accueil que le public pourrait réserver au petit dernier ?

Toujours et en même temps, c’est essentiel de l’éprouver. J’aime avoir cette espèce de boule au ventre avant la sortie. Je pense que le fondement même de l’écriture et de la littérature, c’est le doute permanent.

Il faut avoir conscience que certaines histoires peuvent bousculer des lecteurs qui vous suivaient depuis longtemps et qui ne vont pas forcément adhérer à l’histoire. Ce n’est pas parce que la rencontre entre mes personnages et moi s’est opérée que d’emblée elle va s’opérer entre les lecteurs-trices et les personnages.

 

Le déclic de l’écriture vous est venu à la fin de vos études en psychologie, pendant la rédaction de votre mémoire. À cette époque, vous est-il venu à l’esprit que vous pourriez en faire votre métier ?

Pas du tout. Quand j’ai commencé l’écriture de « Les gens heureux lisent et boivent du café », c’était vraiment par défi personnel. Ce qui m’animait était de savoir si j’allais vraiment trouver le plaisir que j’imaginais dans le fait d’écrire des histoires et d’être capable d’arriver au bout. C’était une bataille entre moi et moi-même. Lorsque j’ai auto-édité mon premier livre, à aucun moment je n’ai pensé trouver un éditeur. J’ai adoré l’écrire et je me disais que même si ça ne marchait pas, je continuerais à écrire pour moi.

 

La musique fait partie intégrante du processus de réalisation de vos romans. Y a-t-il une chanson en particulier qui vous a accompagnée sur plusieurs de vos livres et qui ne cesse de vous inspirer ?

Je ne peux pas vous en donner une, parce que chaque thème de mes romans a minimum son morceau dédié. Donc, sur onze romans, vous imaginez le nombre de morceaux. Chaque roman a une bande originale avec une atmosphère complètement différente. Elles sont toutes disponibles sur Spotify et Deezer. Pas encore celle de « L’homme des mille détours », elle arrive.

 

 Retrouvez son roman L'homme des Mille Détours sur notre site