À partir de 1915, moins d'un an après les incendies de la bibliothèque
de Louvain et de la cathédrale Notre-Dame de Reims, traumatismes
majeurs du début de la Première Guerre mondiale, Paris est le théâtre
d'expositions fondées sur l'exaltation du patrimoine architectural
et artistique meurtri par l'ennemi. La première se tient en 1915
au Trocadéro, au musée de Sculpture comparée. La seconde,
plus spectaculaire, est présentée au Petit Palais, l'année suivante.
Ces manifestations sont l'incarnation visible et parisienne d'une
propagande antigermanique beaucoup plus large dans ses modes
d'expression, dont l'objectif est d'atteindre chaque foyer français et
de convaincre les pays neutres de s'engager. Au-delà de la perte qu'il
représente, le patrimoine architectural et artistique dévasté, pour lequel
se mobilisent artistes, écrivains et intellectuels, est instrumentalisé
pour nourrir la propagande contre l'ennemi et la culture de guerre.
Ce catalogue, richement illustré de gravures, photographies, dessins
et caricatures d'époque, invite à s'interroger sur la notion d'identité
et sur l'enjeu que constitue le patrimoine lors des conflits, comme en
témoigne la plus récente actualité.