L'union européenne a été présentée aux Français sous le jour
engageant du «Plan Marshall», ennemi de la misère et de
la servitude des peuples européens. Son objectif aurait cadré avec
le projet pacifique des «pères de l'Europe», Jean Monnet, Robert
Schuman, Konrad Adenauer, etc., appliqués à proscrire définitivement
les guerres qui avaient endeuillé et affaibli le Vieux Continent
de 1914 à 1918 puis de 1939 à 1945. La paix serait garantie par la
protection américaine, gage d'une liberté refusée aux peuples «de
l'Est» soviétisés.
Cette union fondée sur la «libre concurrence» entre égaux, en
lieu et place des puissants cartels, se débarrasserait du Comité des
Forges des sidérurgistes et marchands de canons enrichis par les
guerres mondiales : mettant fin aux crises et aux guerres, elle vaudrait
à tous la prospérité et «le pain blanc», bref, l'Eldorado. Seule la récente
crise, née d'une «épidémie» financière, aurait fait «dériver»
ce noble projet, au risque de compromettre ses objectifs initiaux.
«Dérive» récente d'une «Europe sociale» ou «alibi européen»
indispensable, à l'ère impérialiste, à la maximisation du profit
monopoliste et à la guerre aux salaires ?
Le présent ouvrage décrit, sources à l'appui, la stratégie, depuis
le début du XXe siècle, d'effacement du grand capital français devant
ses deux grands alliés-rivaux hégémoniques, l'Allemagne et les États-Unis,
si précieux boucliers sociopolitiques.