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Le médecin m’avait dit : « Vous avez un cancer, avec une grande simplicité ». Pourquoi, d’ailleurs, eût-il fallu qu’il le dise autrement ? Le jeune interne, me semble-t-il, avait rougi, baissant les yeux – il apprendrait plus tard qu’il ne faut pas avoir peur de dire la vérité aux malades. J’avais entendu le verdict avec une certaine sérénité. Moins quand, regardant de près les résultats de mes examens, il avait grimacé : « C’est pas super ». La simple surveillance était exclue. Il fallait agir. Le 5 octobre 2015, l’auteur de ce livre apprend qu’il a un cancer. Il décrit une année avec la maladie : ce qu’elle change en lui, ce qu’elle impose et ce qu’il lui oppose, le regard que les autres portent sur le mal et le malade, cette vie différente, gouvernée par l’incertitude, entre le grand hôpital et les séances de radiothérapie et le travail jamais arrêté, entre le soin mis à survivre et la vie ordinaire. Ce n’est pas un journal, pas un manuel, pas un témoignage mais le récit le plus juste d’un homme face à une épreuve : il y a beaucoup de poésie dans ces pages, de la dérision, de questions et des tentatives de réponses qui ne sont pas des leçons mais une expérience, un combat : ne pas dire je suis malade mais j’ai un cancer, tout entendre, choisir un traitement, en parler, se soigner. Et puis il y a toutes ces questions sans réponse : pourquoi moi, serai-je là dans un an, comment supporter l’attente, que reste-t-il de l’homme que j’étais avant, qu’est-ce qui a changé ? « Ma rhapsodie a un début et pas de fin. Elle ressemble à ces films qui s’achèvent à la surprise du spectateur, le laissant à son désarroi. A mon énervement, pour ma part, contre ces scénariste ou réalisateur qui recourent à l’écran noir, faute de savoir comment finir leur histoire. Ils la laissent flottante, à l’imagination de chacun. Ils vous abandonnent à l’incertain. Ils ne savent pas la suite. Mes toubibs non plus. Et moi non plus. »