Échelonnées tout au long de la vie de Gabriel Fauré, les quelque
huit cents lettres ici rassemblées retracent le parcours d'une des
figures les plus illustres de la musique française à une époque de
grand rayonnement. La variété de ses correspondants rend compte
de tous les aspects de son activité : avec ses collègues compositeurs
(Saint-Saëns au premier chef, Vincent d'Indy ou ses élèves au
Conservatoire : Ravel, Roger-Ducasse, Koechlin), ses interprètes
(Alfred Cortot, Édouard Risler, Eugène Ysaÿe, Robert Lortat),
ses éditeurs ou des écrivains (Flaubert, Verlaine, Proust, Colette,
Montesquiou) et ses amies-mécènes (Mme de Saint-Marceaux, la
comtesse Greffulhe, la princesse de Polignac), il évoque son métier
de musicien : les inspections de conservatoires, les innombrables
concerts où il interprète ses oeuvres, la rédaction de critiques pour
Le Figaro. On voit ainsi se construire au jour le jour une carrière,
avec toutes ses difficultés : les aléas du théâtre, en particulier autour
des représentations de Pénélope, occupent une grande place, de
même que les fatigues liées à la direction du Conservatoire.
Le portrait du compositeur, exprimant des jugements tranchés
sur nombre de ses contemporains, souvent loin du «doux Fauré»,
se peint à travers ces échanges ; il est complété par ses lettres
adressées, parfois quotidiennement, à Marguerite Hasselmans, qui
fut sa compagne, de 1901 à sa mort, en 1924. Au-delà de l'effusion
amoureuse qui révèle l'homme privé, leur intimité et leur confiance
donnent à ces lettres un ton extrêmement libre, où le musicien se
découvre comme jamais.