De toutes les correspondances de Georges Perros que nous connaissons, celle qu'il entretint vingt ans durant avec Jean Grenier - et dont toutes les autres, directement ou indirectement, procèdent ou découlent, puisque c'est par son truchement qu'il est entré en contact avec la N.R.F. et le monde littéraire qui gravite autour - est de loin la plus nouée, la plus complexe, la plus passionnelle. En effet, on n'est ni dans le registre de la complicité fraternelle qui l'unit à Michel Butor, Jean Roudaut ou Lorand Gaspar, ni dans le rôle d'aîné involontaire qu'il joue auprès du jeune Maxime Caron, ni dans la réserve affectueuse perceptible dans ses échanges avec Brice Parain, Carl Gustaf Bjurström ou Bernard Noël, ni dans ce rapport d'intelligence matoise qui le lie à Jean Paulhan.
Cette longue correspondance durera jusqu'à la mort de Grenier en 1971, avec des phases climatériques, des silences, des « chagrins d'amitié » comme il y a des chagrins d'amour.