Le thème qui rassemble les textes réunis
ici est celui de la langue même, son désir de
traduire en mots ce qu'il faut arracher au
silence. «Toute parole tue est reposoir
d'obscurité», écrit l'auteur dans sa préface en
citant René Char. Ainsi, les pages consacrées
au fleuve nous ouvrent un imaginaire
poétique où la parole nous invite à
questionner l'apparence du monde, à écouter
au fond de nous le murmure des mots d'avant toute parole et le
temps d'avant toute mémoire. Cette parole s'essayant encore, en
d'autres pages, à épouser le mouvement de la pensée dans les
tâtonnements de l'acte poétique, les vertiges de son errance, nous
entraîne dans les dédales de son cheminement, au bord de
l'indicible même où toute langue se dissout, tout langage s'effondre.
Poésie qui questionne et qui se questionne, cette démarche est
celle d'un poète dont l'écriture, qui peut être solaire ou plus sombre,
lyrique et sobre tour à tour, s'attache à cerner l'essentiel de ce que
lui ouvre sa quête.