
Chaque génération devrait apporter sa pierre à l'édifics
élevé à la gloire des saints, surtout des saints locaux.
A cette construction encore incomplète les éléments n'ont
jamais manqué comme matériaux. Tels sont : l'hagiographie,
l'histoire, que les saints ont en partie fixée, la littérature,
l'architecture religieuse, la numismatique, la sculpture,
l'orfévrerie, la gravure, la peinture. En un mot, tout l'art
humain a servi à populariser un nom, à faire revivre une
mémoire, à la présenter en exemple.
La légende même s'en est emparée, brodant sur le fond
connu, et apportant sa note plus idéalisée et empreinte de
merveilleux. Combien on a reproché aux vies de saints cette
note naïve où l'imagination populaire s'était donné libre jeu !
La légende est la constatation d'un souvenir que l'on a voulu
embellir, mais le souvenir n'en était que plus profondément
gravé. Les peuples blasés n'ont ni poésie, ni gracieuses légendes,
fleurs du terroir.
Au reste, l'histoire véridique a d'autres appuis et d'autres
bases ; si la vie des saints, à ses yeux, doit se réduire à
l'échelle humaine, elle apporte des satisfactions nouvelles,
parce que plus solidement établies et éclairant plus directement
le passé.
A ce point de vue, tout a-t-il été dit sur la vie et l'histoire
des saints qui intéressent spécialement notre région ? Ou encore,
la génération présente n'a-t-elle rien oublié de l'acquit
ancien ?
Depuis trente ans, depuis qu'a paru le «Saint Privat» du
chanoine Remize, ouvrage de tout premier ordre, aucun travail
important de construction et d'édification ne semble avoir
vu le jour. Seules quelques critiques consécutives à cette
étude, et lui rendant hommage, se sont produites.
J.-X. Bouniol
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