En écho de Court traité du fragment - l'essai décisif qu'elle a donné à
l'esthétique en 1986 -, Anne Cauquelin propose, avec De la nature
des lièvres et à partir d'une attention vive et affectueuse à l'oeuvre de
Daniel Arasse, une réflexion aiguë, enjouée, sur la question du pan,
du fragmentaire, de la diffraction du sens en peinture, en art, dans le
texte. Interrogation générique se portant à sauts et à gambades sur
les petites formes, sur le paragraphe et les isolats, sur la suspension,
sur le dandysme du retrait et quelques singularités animales ; affaire
elle-même coupée-découpée, elle-même fragmentaire comme il ne
pouvait en l'occurrence que se devoir. Dans les rebonds paragraphés
de la pensée, ses bouffées autobiographiques, dans un dispositif
où images, rêves, idées, souvenirs et sons se versent en écriture, en
elle se déposent selon leur ordre propre et s'y composent comme
naturellement, De la nature des lièvres, livre d'immédiate tension-instauration
ludique (et savante, c'est tout comme), donne à lire une
poétique de l'éclat-multiple : un feu artiste - une philosophie dansée.