Dans l'après-midi du 16 août 1977, Elvis Presley est retrouvé inanimé dans sa salle de
bain. Il décède quelque temps plus tard au Baptist Memorial Hospital de Memphis, âgé
de 42 ans. La nouvelle fait instantanément le tour du monde. Les radios modifient leur
programmation. Les journaux changent leur une. Soixante-quinze mille personnes se regroupent
devant les grilles de Graceland, la propriété du chanteur, afin de lui rendre un
ultime hommage. Les déclarations officielles, éloges et messes se multiplient. Le 18 août,
dans un cortège funèbre composé de dix-sept limousines blanches, le corps de Presley est
emmené vers le cimetière Forest Hill avec les honneurs dus à un chef d'État. On ne trouve
plus une fleur dans tout le Mississippi. Elvis Aaron Presley, le roi du rock'n'roll, né à
Tupelo en 1935, est mort et enterré. C'est, semble-t-il, la fin d'une vie, d'une oeuvre, d'une
histoire, d'un phénomène qui ont bouleversé la musique et la culture populaire. La fin ?
Pas tout à fait. Car Elvis Presley va renaître, devenir l'un des plus grands mythes du vingtième
siècle et l'objet d'un culte croissant. Son succès posthume est retentissant. Elvis
renaît, plus complexe, plus grand, plus fort, plus adulé. Il vend année après année toujours
davantage de disques et établit aujourd'hui encore de nouveaux records de recettes. Pourquoi,
une fois mort, n'est-il donc pas progressivement tombé dans l'oubli qui guette les
gloires disparues ? Pourquoi et comment est-il devenu ce personnage omniprésent, régnant
au panthéon des plus grandes figures du siècle ? Pourquoi lui ? Comment cela
s'est-il produit ? Qui furent les artisans de la résurrection de ce Roi quasiment déchu à la
veille de sa mort ? Pour répondre à ces questions, le sociologue Gabriel Segré, spécialiste
du «culte Presley», dissèque la façon dont a été élaborée la postérité du King, montre
comment s'est construit et développé son mythe, comment est né et a grandi le culte - souvent
empreint d'une grande religiosité - qui lui est voué par des fans et fidèles toujours
plus nombreux. Il permet de comprendre pourquoi il est finalement permis aujourd'hui
d'affirmer : Elvis est vivant !