
Les Livres du souvenir (en yiddish, au singulier, yizker buch) s'inscrivent
dans la longue tradition juive des Livres de la mémoire (memorbuecher) qui
commémoraient les victimes des pogroms, présentées comme ayant péri
pour la sanctification du nom (Kiddouch Hashem).
Avec le processus de modernisation, le Livre du souvenir, axé davantage sur
un souci historien, ne se contente plus d'égrener les noms des victimes, il
raconte le massacre, mais aussi le passé de la communauté et le devenir
des rescapés. Il reprend également les noms des victimes (dont l'immense
majorité n'eut pas de sépulture) à partir du travail des commissions d'histoire
mises en place en 1944-1946 dans les camps de personnes déplacées, en
Pologne et dans les territoires soviétiques libérés. Et aussi à partir du travail
mené par les associations d'originaires, en particulier aux États-Unis et en
Israël. Rédigés surtout en yiddish ou en hébreu, ces Livres font aussi revivre
l'avant-guerre.
Aujourd'hui, pour le seul territoire de la Pologne de 1939, on compterait
cinq cent quarante Livres du souvenir. Auxquels il faut ajouter ceux des
communautés juives de Tchécoslovaquie, des Pays baltes, de Yougoslavie,
de Roumanie, de Hongrie, d'Union soviétique et d'Allemagne.
Ce Livre-tombeau qui vise à laisser une trace écrite aux enfants et aux
petits-enfants est un acte de piété mémorielle et de piété filiale vis-à-vis des
disparus. Mais aussi un acte de combat contre la volonté d'anéantissement,
et cette démarche, seule, dit en creux l'immensité de la perte.
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