Voici un solitaire dans la littérature d'aujourd'hui, un homme qui n'est pas de Paris, qui vient d'un pays perdu, un montagnard robuste et sérieux, un sauvage à l'imagination puissante qui ne raconte pas les histoires de tout le monde, qui écrit avec labeur et conviction des livres drus, imparfaits et beaux, et d'une saveur si forte que peu de personnes les goûtent du premier coup. Mais aussi ceux qui les aiment y trouvent un plaisir d'autant plus grand qu'il leur paraît plus méritoire. Tout contribue à faire de l'oeuvre rude et touffue de M. Ferdinand Fabre quelque chose de très particulier : ses personnages, qui sont des prêtres ou des paysans primitifs ; le théâtre de l'action, un âpre canton des Cévennes, une petite ville ecclésiastique à deux cents lieues d'ici ; sa manière enfin, qui rappelle celle de Balzac et dont s'est déshabitué le roman contemporain. Oeuvre sévère, vigoureuse, monotone, abrupte, imposante avec des coins de tendresse, comme des vallons fleuris aux flancs d'une montagne.