« Le Mali rejoint son berceau », écrit l'historien Bakari Kamian dans le journal de Bamako, L'Essor, le 22 septembre 1960 - jour de l'indépendance. Singulier raccourci qui établit un lien direct entre l'empire fondé au XIII^e siècle par Soundiata Keita et la jeune République. L'histoire du pays, toutefois, ne se réduit pas à ces deux moments. Au XIX^e siècle s'ouvre une période de bouleversements profonds qui contribuent à façonner le Mali contemporain. Les guerres saintes qui balaient l'Afrique occidentale dans la première moitié du siècle transforment le paysage religieux et politique. C'est donc une région meurtrie que les Français conquièrent à partir des années 1880. La conquête dure plus de vingt ans, elle est longue et violente, en raison d'une résistance farouche, dont les dernières manifestations armées se produisent pendant la Première Guerre mondiale. Elle aboutit à l'invention d'un territoire nouveau, le Soudan français, encadré par des frontières tracées par le colonisateur. Au demeurant, la colonie n'est jamais totalement contrôlée : le Nord et la partie saharienne sont soumis à une pression administrative légère, tandis que le Sud et le Centre subissent une exploitation économique brutale. Résister, s'accommoder : tel est le dilemme auquel sont confrontées les populations. Parmi elles émerge dans l'entre-deux-guerres une élite formée dans le moule colonial, rapidement porteuse d'une revendication dont le maître mot est égalité. Ce combat prend une dimension particulière après 1945 car il est porté par des organisations politiques et syndicales désormais autorisées. Ces hommes et ces femmes sont les artisans d'une décolonisation qui s'accélère dès 1956 et qui s'accompagne d'une nouvelle exigence : la souveraineté.

Particulièrement bien informé et d'une plume très alerte, Vincent Joly brosse l'histoire méconnue d'un pays africain de premier plan, appelé à jouer un rôle de plus en plus important à l'échelle du continent.

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