
Hitchcock
Il ferma les yeux pour suivre Carol en plan serré durant tout le parcours qui la
conduisait jusqu'à son antichambre : signe amical à l'hôtesse d'accueil, sourire forcé
face à Suzanne qui ferait traîner le moment de l'accès au saint des saints. Carol
aurait droit à la plus inconfortable des chaises. S'ensuivrait un champ-contrechamp
de regards sans aménité entre les deux femmes. L'une faisant mine d'être trop occupée
pour avertir Monsieur Hitchcock de l'arrivée de la dénommée Carol Greenwood,
l'autre se gardant de tout signe d'impatience. Dans son antre, le potentat était fier de
sa mise en scène. Deux femelles s'affrontaient pour lui, chacune dans le rôle qu'il leur
avait attribué, selon une partition qu'il avait écrite. Il ne concédait rien au hasard,
surtout quand son plaisir était enjeu.
L'histoire, ici racontée, n'est pas vraie, mais elle se nourrit d'éléments authentiques
qui auraient pu conduire Hitchcock à la vivre. À l'orée de ses quatre-vingts ans,
le réalisateur s'efforce de conquérir une jeune femme venue lui rendre visite à
Los Angeles. Rongé par la culpabilité, il cherche à renouveler avec elle l'expérience,
pourtant traumatisante, entreprise avec Tippi Hedren quinze ans plus tôt.
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