Dors. Il est nuit. Une soeur s'adresse à son frère aimé disparu. Composé de neuf chants essentiellement élégiaques, le livre de Camille Loivier ne s'arrête pas. Comme la peine il n'a pas de fin. Et pourtant si, comme un rêve éveillé réveillé. Chants d'amour et de mort, chants de la mémoire vive alimentés (ainsi que l'on dit d'un feu) tant de souvenirs personnels que de poésie chinoise antique ou, plus près de nous, sensibles à Marina Tsvetaïeva ou à Sylvia Plath, à Biaise Cendrars, Maine de Biran ou Yves Martin dont Le Partisan a merveilleusement inspiré la forme des poèmes, entre autres sources, car la soif ici est inaltérable. L'alchimie opère sa métamorphose : du silence (ou de la boue) elle crée de l'or, l'or patiemment tamisé d'Il est nuit.
Valérie Rouzeau