Comme toutes les sociétés humaines, la Rome ancienne interdisait le mariage ou les rapports sexuels entre certains types de parents et d’alliés. Les Romains se considéraient même comme plus stricts sur ce point que les autres peuples, et avaient fait de l’étendue et de la sévérité de ces prohibitions un des traits de leur conscience ethnique, tout en voyant en elles un élément intangible de l’ordre du monde. Pourtant, les parentes et alliées interdites à un citoyen romain ont varié au cours du temps. C’est l’histoire de cette évolution, sur neuf siècles, qui est ici retracée, avec ses causes possibles, comme l’effet du christianisme devenu religion d’État, et l’inclusion dans l’Empire romain de peuples allogènes dotés d’autres systèmes matrimoniaux. On verra aussi comment les Romains avaient élaboré un concept complexe, celui d’incestus, qui déborde notre notion moderne d’inceste, comment ils concevaient l’articulation de la parenté et du mariage, et comment l’un d’eux, le poète Catulle, a pressenti la notion d’« inceste du deuxième type ». C’est donc une étude de la conception romaine de la parenté et de l’alliance qui est ici proposée, à titre de contribution à une anthropologie historique de la parenté.