Malgré les nombreux débats sur la formation d'un canon qui
ponctuèrent l'histoire de la Bible, la place du Pentateuque ne
fut jamais révoquée en doute. Depuis des temps immémoriaux,
les différentes versions de la Bible ont commencé par les livres
de la Genèse, de l'Exode, du Lévitique, des Nombres et du Deutéronome.
Pour les juifs autant que pour les chrétiens, ils expliquaient
les origines de l'humanité et offraient des clés pour l'interprétation
de l'histoire universelle. Or, au cours de la seconde
moitié du dix-septième siècle, un grand débat porta sur la question
de l'auteur du Pentateuque et de son authenticité.
Quelques audacieux (Thomas Hobbes, Isaac La Peyrère,
Baruch Spinoza, Richard Simon et Jean Le Clerc) osèrent affirmer
clairement que Moïse ne pouvait pas être l'auteur de la
majeure partie de ce corpus. Cette thèse suscita de vives réactions
partout en Europe, tout comme l'idée que le texte du Pentateuque
était irrémédiablement corrompu. Les défenseurs de
l'orthodoxie comprirent rapidement que ces deux questions
soulevaient ultimement le problème de l'autorité du Pentateuque
et, par conséquent, de la valeur de la Bible et de la religion
chrétienne. Ce livre présente la première analyse détaillée
de ce débat fondamental qui figure parmi les éléments déclencheurs
de la «crise de la conscience européenne».