
Comprendre l'oeuvre de Zola comme une «somme a-théologique»,
tel est l'objet de cette étude, qui revient aux sources du
mot «naturalisme». Avant d'être un ensemble de techniques littéraires,
le naturalisme, dont la mission consiste à «faire le jour dans
la nuit des vieilles croyances», a pour tâche de décrire la réalité,
c'est-à-dire, selon les propres termes de Zola, «ce qui est, en
dehors des actes de foi religieux». Le naturalisme excède donc
nécessairement le domaine littéraire pour s'inscrire dans celui des
idées. L'oeuvre de Zola constitue, ainsi, la première tentative romanesque
de représentation de la réalité dès lors que celle-ci ne se
donne plus comme création divine. Zola fonde le cycle des
Rougon-Macquart sur la question de l'hérédité, qu'il tient pour
une version laïcisée du péché originel, et y montre le monde en
désordre. Après la transition des Trois Villes, confirmant la «mort»
de Dieu, les Évangiles remettent le monde à l'endroit. S'appuyant,
de La Confession de Claude à Vérité, sur l'idée d'un possible salut
de l'humanité, Zola a cherché à surmonter le rapport chrétien au
monde, pour lui substituer la vision d'une humanité affranchie de
toute forme de surnaturel, dotée d'une «force tranquille», et
portant sa propre lumière.
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