En 1958, quand de Gaulle revient aux affaires, la France n'a plus de politique
arabe. La guerre d'Algérie, l'expédition de Suez et la livraison à Israël de sa technologie
nucléaire ont réduit à leur plus simple expression ses relations séculaires
avec le monde arabe. Le Général rétablit les liens en restaurant la paix en Algérie
et en offrant une troisième voie entre le soutien inconditionnel de Washington à
Israël et l'appui de Moscou aux régimes socialisants. Mais c'est à l'initiative de
Georges Pompidou que l'Europe des Neuf évoque pour la première fois, en 1973,
«les droits légitimes» des Palestiniens. Si, par la suite, Paris a pu parfois faire
entendre sa voix en ce domaine, c'est grâce à d'éminents ministres comme Michel
Jobert, Claude Cheysson, Hubert Védrine ou Alain Juppé. Cependant, la France -
pas plus que l'Europe - n'a guère pesé dans le règlement du contentieux
israélo-arabe, encore moins depuis le réalignement de Nicolas Sarkozy sur
Washington. Est-ce cette impuissance qui l'a conduite à se montrer trop souvent
aussi affairiste et indifférente au respect des droits humains que ses partenaires
dans ses relations avec les dictateurs ?
Il est vrai que la donne a changé avec l'apparition de l'islamisme radical, les menaces
qu'il fait peser, et, par ailleurs, avec la difficile intégration d'une immigration
maghrébine dans un contexte de crise économique et de réflexes sécuritaires. La
France a peut être encore un rôle à jouer, des idées à défendre, mais lesquelles ?