La littérature n'a peut-être jamais été plus mal considérée
qu'aujourd'hui. Tous les signes montrent cette fragilisation.
Mais plutôt que de s'arrêter à la description d'un mal contemporain
dont nul ne doute, ce livre propose de retrouver les
causes profondes de cette baisse d'influence, qui résulte
d'une évolution de longue durée. La thèse est simple : entre
le XVIIIe et le XXe siècle eut lieu en Europe une transformation
radicale de la littérature ; sa forme, son idée, sa fonction,
sa mission, tout fut bouleversé. Du magnétisme animal
aux cultural studies, du sublime selon Boileau au plaisir selon
Barthes, du tremblement de terre de Lisbonne au camp
d'Auschwitz, de l'apothéose de Voltaire au départ de
Rimbaud et aux silences de Beckett, le récit des métamorphoses
de la littérature est présenté en une vaste fresque européenne,
qui met en évidence un mouvement de bascule
conduisant inévitablement du sommet à l'abîme.
Comprendre ce mécanisme de dévalorisation, ce traumatisme
de l'adieu, c'est pénétrer au coeur de la crise existentielle
permanente où se débat maintenant la littérature. Mais
c'est aussi se donner les moyens d'en sortir.