
Vif moderne babylonien, ce premier livre de Djuna Barnes rend hommage aux « répulsives » du New York des années 1910 : une danseuse déchue, une prostituée errante, une silhouette lascive aperçue depuis le métro aérien, le cadavre d'une suicidée à la morgue... autant de figures condamnées et cachées que Djuna Barnes - qui n'est pas encore l'autrice célèbre de l'Almanach des dames, chronique des cercles lesbiens du Paris des années folles illustrée « par une femme du monde » - fait scintiller par son trait noir aux mille lumières et son regard espiègle, sensible à la vivacité des corps, des désirs et des mondes qu'ils ouvrent.
En guise de postface, Miss Barnes - pièce injouable en un acte - par Liliane Giraudon.
Intitulé The Book of Repulsive Women, sous-titré 8 Rhythms and 5 Drawings, le tout premier livre de Djuna Barnes est imprimé en novembre 1915 dans un grenier new-yorkais sur Washington Square, par l'éditeur des Bruno Chap Books, prix 50 cents - special series. La couverture de la mince plaquette (ou fanzine dixit Liliane Giraudon) est couleur ocre.
Icône du Paris américain des années 1920, Djuna Barnes (Cornwall-on-Hudson, 1892-New York, 1982) est la femme à la cape noire, toujours un peu en retrait, sur les albums de famille de la lost generation, mais toujours là, aux côtés de Gertrude Stein, Ezra Pound, Ernest Hemingway, Francis Scott Fitzgerald ; elle est la langue la plus acerbe du cercle de Natalie Barney ; elle est photographiée par Berenice Abbott et Man Ray, mais son plus beau portrait est tracé en quelques mots par son ami et émule James Joyce qui l'a définie « l'inconnue la plus célèbre du siècle ».
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