En 1879, le Prince impérial, parti combattre les Zoulous
aux côtés des Anglais, était tué. Cette mort aurait dû faire de
Jérôme Napoléon, dit «Plon-Plon», seul cousin germain de
Napoléon III, le prétendant bonapartiste au trône. Or le prince
notifiait dans un codicille de son testament : «Les devoirs de
notre Maison envers notre pays ne s'éteignent pas avec ma vie ;
moi mort, la tâche de continuer l'oeuvre de Napoléon Ier et de
Napoléon III incombe au fils aîné du prince Napoléon.»
Malgré quelques tentatives d'accommodement, cette décision
provoqua une rupture irrémédiable entre un père n'acceptant
pas d'être privé de son destin politique et un fils finalement
disposé à assumer le sien. Propulsé à la tête des bonapartistes
alors qu'il n'avait pas dix-huit ans, il allait occuper cette position
pendant près de cinquante, jusqu'à sa mort en 1926.
En dépit de sa longévité, le prince Victor Napoléon est pourtant
resté méconnu d'une part de ses contemporains et surtout des
générations suivantes. La cause bonapartiste n'ayant cessé de
décliner au XXe siècle, on peut se demander si le manque de
popularité de son chef en a été la conséquence ou la cause...
Pour la première fois, Laetitia de Witt, bénéficiant d'un
accès privilégié à de volumineuses archives inédites, essentiellement
familiales, dresse un fin portrait politique et
psychologique de cet héritier d'une autre époque, témoin,
depuis son exil bruxellois, de la mutation subie par la France
depuis la chute du Second Empire jusqu'à l'aube des Années
folles, en passant par les grandes heures de la Troisième
République. Elle explique comment son incapacité à agir sur
le présent a poussé le prétendant à vivre dans un monde exaltant
la grandeur de la dynastie et à se consacrer notamment à
la constitution d'une exceptionnelle collection d'oeuvres
d'art. Ce prince fut bien un Napoléon avant tout.