
Eh bien voilà. C’est fait. J’ai ce que j’ai voulu. Le terrain est déblayé. Nu. Complètement nu. Et m’appartient. Une victoire si totale, et si chèremenl acquise, me laisse incertaine soudain. M’effraie : les ponts sont coupés derrière moi, il faut avancer. J’ai fait le vide sous mes pas, où marcherai-je ? Au seuil du bonheur, si mérité soit-il, si cher qu’on l’ait payé, le cœur hésite ; j’ai peur de mes regrets, et de mes complaisances. Vais-je me changer en statue de sel ? Ce n’est pas bon de se retourner sur des ruines : on ne sait plus où on va.
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