
Les origines didactiques du récit de voyage ne semblent guère
propices au rire. Pourtant on observe que les coïncidences entre le
discours du voyageur et des formes comiques tendent à se renforcer
de la Renaissance à la fin du XVIIe siècle, et ce à la faveur d'une
littérarisation croissante du genre viatique. La présence du rire sous la
plume des voyageurs soulève des questions multiples, liées aux
contacts interculturels, à des jeux intertextuels mais aussi à la
dimension subjective de l'écriture.
Les études éclectiques rassemblées dans ce volume constituent des
chemins de traverse pour sortir des cloisonnements de l'histoire
littéraire, qui dissocie trop souvent les voyages sérieux et les
bagatelles galantes et burlesques. Sans négliger ces dernières, on
envisage ici plus largement les intermèdes cocasses disséminés dans
les relations savantes. La plupart témoignent d'éclats pluriels,
«partagés» en termes d'ambivalence plus que de connivence. Cette
exploration révèle les facettes multiples d'un rire satirique, mais aussi
politique et philosophique, laissant entrevoir une esthétique du
soupçon et de la réversibilité du monde et des hommes. Rire de
l'autre, rire avec l'autre favorisent un décentrement fécond, induisant
une exploration du monde et de l'altérité autant que de soi-même.
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