
Souvent relégué dans les marges des anthropologues, le roman
algérien des années 20 a pourtant beaucoup à nous apprendre sur
la société coloniale. D'elle, il a hérité les réflexes et les modes
d'expression communautaire, mais il voulait s'affirmer en
s'opposant à la littérature hexagonale. Au roman exotique,
qualifié de «bazar oriental», ses promoteurs entendaient lui
substituer le récit d'une Algérie vue par les colons «natifs» du
pays.
On a souligné le caractère globalement réactionnaire, voire
raciste, de ces romans qui glorifiaient le «sang des races» et le
«peuple néo-latin». Il restait à traquer dans le corps du texte les
marqueurs d'une écriture singulière, entre ambiguïté assumée et
exubérance toute méditerranéenne. Cette étude, en déconstruisant
le discours du chef de file de ce courant, Robert Randau, s'attache
aussi à analyser le cas d'Abdelkader Hadj Hamou. Rallié aux
thèses algérianistes, cet écrivain arabo-musulman avait-il, comme
on l'a souvent répété, succombé au mirage de la mission
civilisatrice ou était-il l'incarnation d'une lutte désespérée pour la
justice et la dignité du peuple vaincu ?
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