Août 1281 : l'immense flotte levée par Qubilai, petit-fils du «conquérant du
monde» Gengis Khan, à dessein d'envahir le Japon, a sombré corps et âmes.
Comment celui que Marco Polo décrit comme le plus puissant homme depuis les
jours d'Adam a-t-il pu essuyer une si cuisante déconvenue, qui sonnera bientôt
le glas du voeu formé par son aïeul de soumettre toutes les nations de la Terre
à sa volonté ? Il faut qu'un pouvoir encore plus grand ait sauvé le «pays des
dieux» de ce péril mortel. L'affaire est entendue : le typhon, fléau des ambitions
hégémoniques mongoles, se change en tempête soufflée par les divinités tutélaires
de l'archipel. Le kamikaze pénètre ainsi dans l'inconscient collectif japonais.
Les six siècles qui séparent ce «vent divin» des «bombes humaines»
lançant des attaques suicidaires durant la Seconde Guerre mondiale suffisent
amplement à bâtir l'un des mythes fondateurs du Japon moderne. Outre une
analyse de la campagne et de ses protagonistes, le propos de cet ouvrage
abondamment illustré et documenté est de ramener le kamikaze à sa dimension
mythique. Car tout porte désormais à croire que l'opportun prodige n'a, en
somme, que porté le coup de grâce à une opération vouée d'emblée à l'échec
par sa démesure, volant du même coup la vedette aux samouraïs. À la lumière
de récentes découvertes majeures, les braves guerriers insulaires apparaissent
en effet comme les véritables vainqueurs d'une bataille que d'aucuns n'hésitent
plus à comparer à un D-day avant l'heure ?
L'auteur, qui a emboîté le pas des armées du Grand Khan, invite aussi le
lecteur à un voyage de la Mongolie au Japon méridional, en passant par la Chine
et la Corée. Entre erreurs humaines, soupçons de sabotages et récupération
idéologique, retour sur une invasion avortée qui doit davantage aux hommes...
qu'aux dieux.