Il se passe toujours quelque chose… quelque part… non loin de chez nous mais… extra-muros. Une violence aveugle qui explose, l’agression absurde d’un gosse innocent, l’intrusion perverse et tragique de la drogue qui s’infiltre, meurtrière, dans les veines de notre société, et nous nous prenons à frissonner avant de nous rassurer : « ça n’arrive qu’aux autres ». Pourtant, la peur est là, latente. Et Jean-Louis Degaudenzi l’a traquée, a fouillé jusque dans ses entrailles pour en extirper les racines. De sa démarche est né cet époustouflant document mosaïque que l’on lit comme un roman où tout peut arriver… où tout arrive ! Véritable enquête sur le terrain, on découvre au fil des pages, à nos risques et périls et avec stupeur, que la fiction est largement dépassée par une réalité brute et brutale. Car l’auteur n’a rien inventé. Il a simplement joué d’un habile décalage avec les personnages, qu’ils soient flics ou voyous, afin d’éviter toute embarrassante identification. Il a suivi des jours et des nuits durant des patrouilles de policiers désorientés face à des jeunes zonards-loubards qui volent, pillent, saccagent, leur façon à eux d’exister, de survivre. Il a pénétré dans l’intimité de ces bandes multiraciales, Blacks, Beurs, Blancs, Jaunes, tous confondus, parqués dans les « barres », ces gigantesques pâtés de ciment réservés aux exclus de la croissance. Tandis que les mots, tels des brûlots enflamment les phrases, s’enchaîne un récit riche en suspense et rebondissements, dans un style qui traduit un vécu tranchant, corrosif et mordant. Une enquête exclusive dans la lignée de « Zone », au cœur de cette marmite du Diable qui nous donne la peur au ventre et nous rappelle qu’il serait périlleux de laisser l’histoire bégayer une fois de plus…

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