Les questions stratégiques sont trop souvent l’apanage des seuls spécialistes, et ce fait est d’autant plus regrettable que la défense de l’Europe de l’Ouest ne peut plus se concevoir aujourd’hui sans que soient prises en compte les réactions des opinions publiques ; celles-ci se trouvent en effet soumises à une intense propagande de la part du camp soviétique, qui vise à leur interdire une claire appréhension des formidables enjeux de cette fin de siècle. « Les Figures d’Arlequin » rompt à cet égard avec la forme habituelle des publications traitant des problèmes de défense. En un langage clair et accessible à tous, André Bonnet décrit d’une manière synthétique la nouvelle donne stratégique en Europe, et permet à tout lecteur de bonne volonté d’entrer de plain-pied et en connaissance de cause dans ce capital et difficile débat. « Riposte graduée », « découplage », « armes anti-forces », « FOFA », « euromissiles », « IDS », autant de termes barbares qui deviennent ici transparents et dont l’auteur examine avec un implacable esprit critique le véritable contenu. Le second et fondamental intérêt de l’ouvrage réside d’ailleurs dans l’analyse véritablement révolutionnaire que fait l’auteur de questions pourtant constamment débattues par les « praticiens ». André Bonnet renverse ainsi la plupart des perspectives actuelles, mettant en cause tant certains aspects de la doctrine de l’OTAN que le fond de la stratégie française. Les infléchissements et solutions qu’il propose emporteront d’emblée la conviction, ou feront grincer des dents dans certains milieux : mais, à l’heure où la France réexamine sa politique de défense, la démonstration ne laissera personne indifférent.

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