
Au moment des Premieres Guerres d'Italie (1494-1525), à la
cour de France, s'élabore une idéologie de l'assimilation de l'Italie
par la France : la Franco-Italia. Historiographes et poètes font
apparaître la Péninsule comme une nouvelle France - un territoire
où règnent la paix, l'ordre et la justice grâce au bon gouvernement
que les Français y ont apporté -, peuplée d'Italiens francisés - de
bons Français aux qualités physiques et morales similaires à celles
imputées à leurs homologues ultramontains. Mais cette pensée
révèle beaucoup plus qu'une tentative d'absorption de l'Italie par la
France. Elle met en lumière un véritable bouleversement des
structures sociales traditionnelles, autrement dit, des trois ordres
de la société médiévale (le clergé, la noblesse et le peuple). Au
début du XVIe siècle, en France, l'on voit, en effet, émerger, au coeur
même des cercles fermés du pouvoir, des visions alternatives de la
société, sortes de défis lancés à un royaume en pleine mutation.
Ce travail est ainsi résolument place sous le signe de
l'acculturation - celle de l'Italie et des Italiens - et de la réflexion
identitaire - en francisant l'Italie, les Français pensent leur
identité et leur société. Certes, la Franco-Italia fut une idéologie
éphémère : aussi rapidement que les lys croissent, puis se fanent,
elle s'évanouit victime de l'échec de la politique italienne de la
France. Cependant, son étude permet, à coup sûr, de saisir au vif la
nature même de la pensée politique, aux confins du Moyen Âge et
de la Renaissance, une pensée pétrie de contradictions et de
doutes, mais aussi fruit d'une période elle-même faite de
bouleversements et d'inquiétudes.
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