
Les langues, comme les dinosaures et notre
espèce provisoire, se fossilisent, elles ne jettent
plus leur cri - et quel autre cri sinon de ce que l'on
est ? J'ai écouté tant de langues qui ne se comprennent
pas elles-mêmes ni entre elles, comme les grincements
des macaques avec quelques conjonctions
de coordination, et rien ne s'accorde. Puis j'ai fait
le silence, j'ai oublié mon homme provisoire, et j'ai
entendu une grande Onde qui embrassait les univers
et toutes les petites bêtes dedans, qui frémissait partout
avec un brin d'herbe, une feuille dans le vent,
un rocher solitaire, et c'était ça qui mouvait tout,
comme soi-même partout. Puis j'ai vu que mes pas,
mes actes, mes paroles n'étaient plus des impulsions
ou des pensées, justes ou pas justes, claires ou pas
claires - c'étaient des notes, fausses ou justes.
Comme l'oiseau. Il y a un son, une musique d'être
en dehors de tout ce que l'on peut en penser.
Il faut apprendre à être musical, dans tout, ou
avec tout.
Le vieil homme provisoire est toujours à faire des
barrages avec ses idées (ou ses sentiments). Tout est
brouillé ou circonvolutif. Il ne sait plus son propre cri.
Ce sera la prochaine manière d'être :
une manière musicale
une musique qui guérira
toutes les peines de la terre.
Satprem
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