Description

« Papa, si tu savais comme tu m'les casses, il n'y a pas un jour qui passe, pas un jour que tu n'amoches, par tes litanies de reproches. Un jour c'est parce que j'parle pas, l'autre parce que le ton n'y est pas, de toute façon, je peux rien dire, pour toi ce sont que des conneries. Tu crois toujours que t'as raison, faut surtout pas poser d'questions, mais j'sais que si tu n'réponds pas, c'est qu' la réponse, tu la sais pas. Si tu savais comme tu me les broutes, tu sais j'ai autre chose à foutre qu'à essayer d'contenter un insatisfait névrosé. J'en peux rien si tu t'vois vieillir, et c'est pas moi qu'il faut punir. Papa, arrête de m'les briser, et laisse-moi un peu respirer. »

J'ai lu ça ce matin.

J'ai appelé le bureau pour dire que j'étais malade.

C'est vrai, je ne me sentais pas bien, une sorte de vertige. J'ai passé la journée à lire la suite...

Tu devrais soigner ton orthographe, c'est plein de fautes. Pour le reste, tout y est. En quelques heures, j'ai pris 20 ans, 100 ans... Je me suis retrouvé du côté des vieux. Irrécupérable. J'ai vu ma vie à travers tes yeux. Ce n'est pas beau.

Un carnet, sorte de journal intime, qu'un garçon de seize ans a laissé traîner sur la table de la cuisine. Un coup d'oeil du père... et tout son monde qui s'écroule.

Car la perception de l'autre qu'on reçoit comme ça, d'un coup, en pleine face, ça fait mal. Très mal. Surtout quand la porte ne veut pas s'ouvrir pour tenter d'établir un dialogue et de comprendre.

Alors ne reste que le monologue douloureux d'un père face à lui-même, à sa vie, à ses errances...

Les mots de Brigitte Jacobs sont simples, quotidiens. Elle porte un regard sans concessions sur son personnage. Avec un humour qui met en lumière le revers du masque de l'homme qui souffre.