
Verlaine a beaucoup pâti de sa réputation d'homme sensible,
ballotté par ses émotions et ses sensations. Ce ne serait qu'un
musicien des mots, un peintre des atmosphères affectives, la
poésie surgissant en lui de manière naturelle. Pourtant, Verlaine a
admis la critique des notions de création spontanée et d'inspiration
formulée par Poe et par Baudelaire. Récusant la stratégie
post-romantique de Leconte de Lisle, il s'est engagé dans le mouvement
parnassien en se fondant sur l'idée d'une création raisonnée.
Ni «impassible», ni obsédé par la forme poétique, il fut avec
Mallarmé et Rimbaud l'un de ces jeunes Parnassiens qui voyaient
dans Les Fleurs du Mal la solution à la crise de la poésie personnelle
que connaissaient les années 1860 : le Romantisme était à
refaire ou à dépasser pour créer une nouvelle poésie personnelle,
par des techniques d'expression indirectes.
À côté de ses recueils, Verlaine a multiplié ses interventions
critiques, journalistiques et parapoétiques. C'est le début d'une vie
de poète marginal, en partie seulement involontaire. Les marges
peu étudiées de sa production donnent expression à sa volonté
de vivre en conformité avec ses principes et ses désirs, ce que ne
permettent ni le Second Empire ni la Troisième République. Car le
marginal était au coeur de son aventure poétique.
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