«Plus jamais nous n'attendrons que Tilinou nous rejoigne au lit le
soir, d'un bond précis, sa volonté instinctive de se lover confortablement
entre nous, ou léger comme un écureuil se glissant dans le berceau
des bras masculins, ces mêmes bras qui m'avaient étreinte.»
Depuis la mort de mon chat, il me semble que la nécessité d'écrire
s'est imposée à moi. Mon coeur me donne l'impression d'une agate à
eau. Les larmes contenues à l'intérieur ne se sont pas formées il y a des
millions d'années, mais seulement depuis que Tilinou n'est plus.
Évoquer Tilinou et ses splendeurs, sa douceur et ses souffrances,
c'est faire entendre les mots, secouer légèrement l'agate près de
l'oreille pour écouter une musique, me rassurer que cela a bien existé.
Cette source ne sera jamais tarie si je parviens à la contenir dans un
texte. Elle résonnera à l'oreille de chacun.
La pierre brésilienne que j'évoque ne paie pas de mine. Tilinou
n'était pas un chat de race. Il fallait, comme pour l'agate, l'observer, le
caresser, l'entendre, pour en découvrir la beauté et le mystère.