
Le multilatéralisme ordonné né de la deuxième guerre mondiale et de la guerre froide, et relancé par des années 90 qui projetaient le rêve d’un monde dessinant une « gouvernance mondiale » apaisée a fait long feu. L’usure des grands cadres universels (ONU, OMC, arms control et désarmement, justice pénale internationale...) ne cède pas place au vide mais au trop plein : à une multiplicité d’accords et de montages témoignant d’une recomposition accélérée des rapports internationaux. L’anarchie institutionnelle, la concurrence ouverte des intérêts exprimée par des volontés de puissance désinhibées, pourront-elles demain s’ordonner autour d’intérêts fondamentaux communs ?
Le Liban symbolise aujourd’hui toute l’ambiguïté héritée de presque deux ans de guerre autour de Gaza. Une fois encore il y est question de recomposition politique, institutionnelle, de reconstitution d’une armée libanaise en charge de la garde des frontières. Mais on sait bien qu’au-delà de sa complexité interne, l’avenir du Liban dépend du destin général de la région : Israël se rangera-t-il à une solution politique à Gaza, déclassant l’agressivité du Hezbollah, la Syrie et la Jordanie garderont-elles une stabilité minimale, les relations avec l’Iran connaîtront-elles, avec un accord sur le nucléaire, une relative normalisation ?
Qu’on se focalise sur les enjeux complexes du Proche-Orient, ou choisisse d’observer globalement le système international, la période a toutes les apparences d’un temps de basculement, sans nulle certitude sur le paysage à venir.
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