« J'étais derrière ton mur de silence les prunelles décolorées à l'écoute
De la nuit qui avançait sur le crépuscule, de la haine qui l'emportait sur la nuit.
Et j'invoquais l'ange de lumière dans des éclairs rouges et noirs, la terre
Humide qui gronde et crache les corps qu'elle absorbe en gerbes sulfureuses.
Tu vomissais des territoires entiers que je recueillais en mes mains de Géographe.
Je te lisais les Chants de Maldoror. »
« Déni »
Onirisme, envoûtement, érotisme...
Catherine Andrieu appartient à la race nervalienne des poètes grâce auxquels « le songe s'épanche
dans la vie réelle » - irrépressiblement, par coulées,
par à-coups.
Sa poésie nous introduit, avec une violence qui lui
est propre tout en touchant l'universel de l'inconscient
collectif, dans un monde de fantasmagories, où l'être
se fait insaisissable, l'identité multiple, et indécise.
Dans ce théâtre où l'esprit devient jeu de miroirs, la
récurrence est le grand ordonnateur, une récurrence
qui n'est pas répétition du même, mais modification
de perspective. Le principe de réalité vole en éclats,
comme un obstacle méprisable. Avec une générosité
sauvage, l'auteur tend à son lecteur un pacte d'irréalité et de vérité.