
Voici un tourbillon permanent d'images, de fantasmes, de visions souvent proches du cauchemar - on entre là, sans aucun doute, dans le sommeil le plus agité de la poésie grecque. Le réel n'en est pas absent, mais multiplié, éclaté, exacerbé, comme vu à travers l'oeil de la mouche (titre d'un des recueils). Tout bouge, tout se défait et se refait dans une débauche de métamorphoses, une alternance de vide et de trop plein, d'existence et d'inexistence, l'oeil accommodant sans cesse du tout proche du monde intérieur au tout lointain de l'infini. Le temps lui-même fait naufrage, déréglé, immobile ou accéléré ou inversé. Si certains poèmes récents se penchent sur des réalités quotidiennes et infimes (un arbre, un animal, un insecte, des photos de famille anciennes), ils excellent à faire virer le quotidien au fantastique, à tirer de l'infime et dérouler des immensités d'espace et de temps.
Une « spirale sans fin qui monte et descend, dansant » : ce vers décrit bien le mouvement de cette oeuvre vertigineuse, son éternel retour, son balancement, son tournoiement de kaléidoscope flamboyant.
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