
La poésie est un prisme qui multiplie les facettes de notre quotidien, l'expression de la solidarité avec l'Autre et des liens profonds qui nous unissent. La poète Sanja Baković s'immerge ainsi dans une humanité devenue individualiste et consumériste. Son regard sur les maux contemporains (la solitude, les réseaux sociaux, la course à la réussite sociale et au bien-être), sur les aspirations de sa génération est amical, plein d'humour et d'intelligence. Elle est attachée à ses racines familiales et insulaires, au passé de son pays, la Croatie, qui a récemment connu de fortes turbulences historiques. Elle assume notre appartenance au monde du vivant, la conscience d'en faire partie, d'être vecteurs de son inexorable fragilisation en nous fragilisant nous-mêmes : « tout ce qui vaut pourra recommencer, / probablement sans nous. »
Pour Sanja Baković la poésie est vitale, « nous écrivons tous, car ce n'est pas possible autrement » afin de comprendre, aimer, sentir, lutter. Tous dans le même bateau voguant sur la mer Adriatique, tous dans le même bus qu'empruntent les marginaux, ces existences tragi-lyriques sans frontières.
« Écrire sur soi passe pour une écriture mineure » dans un monde où l'intime est constamment bafoué, à la frontière fluctuante entre privé et public. Les vers de Sanja Baković cherchent la proximité, revendiquent le collectif, notre remède et raison d'être.
Cet ouvrage rassemble un choix de poèmes du recueil « Le bus pour Trnava » et de poèmes récents.
le temps de palper la vérité,
le monde disparaît peuplé de plastique et de sécheresse.
chaque pierre un jour se décomposera
en poussière et en eau.
ceci un jour sera la maison des poissons,
des yeux inconnus verront :
tout ce qui vaut pourra recommencer,
probablement sans nous.
S.B., la maison des poissons
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