
La pulsion de mort ; bien que régulièrement invoqué, ce concept présente une étonnante absence de cohérence. C’est le lieu d’un consensus mou où s'agglomèrent des concepts aussi divers que la régression, l'inorganique, la conservation, la destruction, voire la haine ou la barbarie. La pulsion de mort oscille et hésite entre pulsion négative d'inertie et pulsion positive de destruction, entre principe métapsychologique et principe moral. Dans ces conditions, on peut s'interroger sur l'efficacité d'un tel concept, si mal construit, à éclairer la clinique et la pratique analytique. Alors même que la psychanalyse est critiquée de toute part, et parfois à juste titre, il apparait nécessaire, voire vital, d’interroger la question de la pulsion de mort et, par son entrée, l’ensemble de la théorie des pulsions. Freud souligne les trois blessures narcissiques qui délogent l’Homme de sa position souveraine : Galilée qui exile la Terre du centre de l’univers, Darwin qui exile l’homme de sa position de maitre et possesseur de la nature et la psychanalyse qui exile l’homme de lui-même : celui-ci n’est plus « maître dans sa maison ». Il est régi par des pulsions souterraines dont le fonctionnement lui échappe. Elaborer une intelligence des pulsions inconscientes, comprendre les logiques du conflit souterrain : c’est ce vaste chantier que nous ouvrons ici.
Nous publions uniquement les avis qui respectent les conditions requises. Consultez nos conditions pour les avis.