Peu d'écrivains du vingtième siècle se sont impliqués autant qu'Aragon dans le champ politique. Il exerça des responsabilités directes non seulement au Parti Communiste Français, dont il fut membre titulaire du Comité central à partir de 1954, mais déjà au sein du groupe surréaliste dès 1925, puis dans le cadre de nombreux mouvements et initiatives antifascistes pendant les années trente, dans l'organisation de la Résistance, ou plus tard au Mouvement de la Paix. Il intervint de multiples façons dans la politique culturelle, par exemple en tant que secrétaire des Maisons de la culture, membre dirigeant du CNE, mais aussi par ses interventions dans Les Lettres françaises, dont il fut directeur de 1953 à 1972. Journaliste militant à l'Humanité, La Littérature internationale, Commune ou Ce Soir, Aragon devint à la fois un repère et une cible dans le combat politique. Cette intense activité méritait d'être étudiée et précisée. Connue dans ses grandes lignes, elle manquait encore d'une datation serrée, de faits bien établis, d’analyses rigoureuses et aussi impartiales que possible. Vingt ans après la mort de l'écrivain, cet Aragon politique, qui suscita tant de passions, devait pouvoir être étudié avec une relative sérénité, dans le souci non de parvenir à des conclusions indiscutables, mais de compléter le recueil des informations, d'approfondir les analyses, de dépassionner les débats. Susciter de nouvelles recherches, ouvrir des pistes, esquisser un premier bilan, tels étaient les objectifs du colloque.