« Lascaux est une limite, qui marque de manière indélébile la différence entre un avant et un après, un moment où il n'y a que la nature et un autre où il y a aussi la culture, un moment où il n'y a pas de connaissance et un autre où il y a la connaissance, un moment où il n'y a pas d'image et un autre où il y a l'image. Car la question de la duplication, comme Platon devait déjà le reconnaître, se confond avec celle de l'image et de son ambigu statut ontologique. »
L'art préhistorique représente le moment auroral de ce que, avec Hegel, nous pouvons appeler la « seconde nature » : le monde des objectivations de l'esprit qui structurent notre vie sociale, éthique et politique ; celui des institutions, qui façonnent la vie humaine, à partir de la représentation du réel et des productions de la technique, jusqu'aux technologies numériques contemporaines. Comment le passage à cette secondarité a-t-il été possible et comment faut-il comprendre ce dédoublement ? Contrairement aux divers monismes et naturalismes qui marquent la scène philosophique contemporaine et qui tendent à oblitérer toute forme de dualité, ce qui est soutenu ici est qu'un certain dualisme est finalement inéluctable. Un dualisme non pas substantiel mais modal : celui qui produit la différence entre « fait » et « sens », « réalité » et « idée », « actualité » et « possibilité », première et seconde nature.