
Les villes du Maghreb et du monde arabe connaissent un système de gestion urbaine extrêmement rationnel dès avant les réformes ottomanes de la fin du XIXe siècle et dès avant l'influence européenne. Loin de n'être pas gérées, elles étaient dotées d'organes de gouvernement urbain de type d'Ancien régime, fondés sur le système des corporations et sur le pouvoir de la notabilité marchande. Diverses institutions en exprimaient l'existence et en assuraient le fonctionnement. Un chef de la ville dirigeait généralement ces instances aux vastes pouvoirs dans le domaine urbain : construction, annone, régulation des métiers et des marchés, ordre public, fiscalité urbaine, hygiène. A partir de l'exemple de Tripoli, en Lybie actuelle, Nora Lafi démontre l'existence de telles institutions, et, grâce à des sources inédites en arabe, en étudie le fonctionnement ainsi que l'évolution durant la période des réformes ottomanes. Ce livre replace l'étude des Tanzimat ottomanes dans un contexte arabe et urbain.
Cette démonstration ouvre de nombreuses perspectives à la réflexion sur l'évolution de villes comme Alger ou Tunis, qui ont connu un destin différent au cours du siècle, mais pour lesquelles de nombreux indices confirment une situation de départ proche de celle de Tripoli pour ce qui concerne le gouvernement urbain.
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