Les draps longent les paquebots. Les villes absentes, revenues
avec l'écume. Mes départs reprennent. Lasse de ton désir. Tant de
rails traversent la chambre. Et ce blanc de la fenêtre. Octobre ouvre
toutes les saisons. Je vois, après le siècle. Les ports n'existent pas.
Seuls les corps se dressent contre les vagues. Frêles et fascinants.
L'embrun des exils nomme les rues. Habite chacune de mes aubes.
Poudre de marées. Éclats de pluie. Encore le fleuve violet. L'odeur
encore, étale. Celle, invivable, du géranium. Des carcasses de
chiens. Petit oiseau. La violence des routes ébranle les pays,
retourne les digues, renverse les cafés. En morceaux, contre ta
bouche, les ombres. Ma voix éparse. Tes yeux en poussière. Vous
n'avez jamais eu d'histoire. Je remonte la parole saccagée.
L'enfance se vide. Les visages repassent. Ils portent la baie déserte.
Les lèvres fragiles. Les adresses égarées. Je répète la petite
chanson. La même. La fontaine claire. Tes mains sont une excuse.
Tes mains sont mon prétexte. Le livre grandit avec le cerisier
sauvage.