Dominique de Villepin est sans conteste l'un des personnages
les plus singuliers de notre faune politique. Pour les uns, qui
se souviennent de son fameux discours à l'ONU, il est devenu
une sorte d'homme providentiel aux accents gaulliens dont
le pays pourrait avoir besoin. Pour les autres, plus nombreux,
qui n'ont oublié ni la dissolution de 1997 ni le CPE, il n'est
qu'un matamore emphatique que son allure hautaine et son
goût pour la poésie obscure ridiculisent.
Plus isolé que jamais et semblant y prendre plaisir, l'ancien
Premier ministre, après avoir fustigé avec gourmandise les
errements du quinquennat finissant, se lance dans la campagne
présidentielle. En exaltant la grandeur de la France, en
prônant la justice sociale et l'union nationale au-dessus des
partis, il espère séduire à la fois les déçus de Sarkozy et ceux
qui, face à la crise, ne souhaitent pas une nouvelle expérience
socialiste. Tout le monde affirme que «si Villepin n'était pas
Villepin, il aurait un boulevard devant lui».
Ce livre sans concession, riche de nombreuses révélations,
brosse le portrait d'un homme aux multiples facettes : l'adolescent
émigré, le diplomate amateur de coups fourrés, le
ministre des Affaires étrangères flamboyant, le Premier
ministre acclamé puis conspué, l'accusé innocenté de l'affaire
Clearstream, le d'Artagnan à mi-chemin entre Fouché
et Talleyrand mais surtout l'anti-Sarkozy poussé jusqu'à la
caricature.