
Migrants et réfugiés étrangers, affluant par milliers dans la métropole sud-africaine
de Durban, s'agglutinent à la masse des «plus pauvres» cherchant à se
loger dans la ville-centre, aux côtés de la nouvelle petite-bourgeoisie noire et des
anciens résidents blancs qui ne sont pas partis comme les autres, vers les banlieues
vertes.
Antoine Bouillon nous invite à observer comment, dans cette compétition pour
la ville et dans un contexte d'intense xénophobie, migrants sud-africains et
étrangers partagent la nécessité de partager le logement, avec toutes ses
implications ; et comment ils reprennent aux institutions religieuses l'initiative de
refuges pour les sans-abri. Mais ce nouveau type d'entreprises `solidaires',
permettant de résider `honorablement' et durablement dans la ville-centre, suscite
d'intenses controverses dans un pays dont, il n'y a pas si longtemps, la composante
noire était condamnée au statut de migrant étranger sur son propre sol et dépourvue
de tout droit de cité.
Cet ouvrage nous entraîne ainsi au coeur de l'Afrique du Sud `post-apartheid',
dans la substance même des émotions publiques en ces temps de transition,
lesquelles s'entrechoquent et s'entremêlent autour de ce qui se révèle comme un
enjeu de premier ordre : le droit de cité des plus pauvres.
En contrepoint, l'auteur nous invite à entendre les réfugiés et les migrants
étrangers énoncer comment ils conçoivent, dans un tel contexte, leur présence dans
le pays et leur capacité légitime d'action. Nous en sommes conduits, avec lui, à ne
plus réifier les statuts d'étranger et de citoyen selon des distinctions exclusives mais
à voir, dans ces migrants et ces réfugiés, des étrangers-citoyens, et dans la
migration, une réalité qui peut être, aussi, affirmative et inclusive.
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