
En Amérique latine, les années 1960 furent celles des
mouvements de lutte armée inspirés par la révolution
cubaine, les années 1970 celles des dictatures, les années
1980 celles des «transitions démocratiques», les années
1990 celles des réformes néolibérales en régime démocratique,
le début du XXIe siècle est celui du «tournant à
gauche». Depuis la victoire électorale d'Hugo Chávez au
Venezuela en 1998, le Brésil et l'Uruguay ont vu l'arrivée
au pouvoir de forces politiques de gauche, la Bolivie et
l'Équateur l'apparition de nouveaux mouvements alliés à
d'anciennes forces de gauche, l'Argentine le réaménagement
interne de mouvements nationaux-populaires dont les
courants «de gauche» ont pris le contrôle. Au Mexique et
en Colombie, les forces politiques de gauche, bien qu'elles
aient perdu les élections présidentielles, sont restées au
pouvoir dans les grandes villes et notamment dans les capitales.
Ce paysage politique contrasté conduit à s'interroger
sur l'apparente unité d'un «tournant à gauche» qui repose,
en fait, sur des processus divers, sinon contradictoires, en
fonction des configurations historiques, sociales et politiques
nationales. Les contributions rassemblées dans cet
ouvrage rendent compte de la complexité de ce «tournant
à gauche». Toutes tentent d'élucider ses conditions de possibilité,
toutes invalident les visions enchantées qui occultent
les contradictions et les ambiguïtés de ce basculement
à gauche. La controverse est d'autant plus cruciale que les
gauches latino-américaines sont devenues un site privilégié
de luttes symboliques qui ont pour enjeu la définition des
«bonnes» et des «mauvaises» formes («populistes») de
«la gauche».
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