
Avant l'unification de 1990, une formule politique allemande souvent
citée était : «La question allemande restera ouverte aussi longtemps que
la porte de Brandebourg restera fermée», c'est-à-dire aussi longtemps
que subsisteront le Mur de Berlin, la division de l'Allemagne en deux
États et la "dictature" communiste en RDA. À présent que le Mur est
tombé, que l'unification est acquise depuis un quart de siècle et que le
communisme, du même coup, semble s'être évanoui en Europe, y compris
dans ce qui fut l'URSS et le bloc soviétique, la question allemande
n'est toujours pas close. Elle est même plus ouverte que jamais. En effet,
l'hégémonie économique et financière de l'Allemagne en Europe fait
qu'une bonne part du débat politique français s'organise entre deux pôles
opposés : d'une part, les adeptes, plus camouflés à gauche et plus affichés
à droite, d'un "modèle" allemand supposé aussi vertueux qu'efficace et,
d'autre part, ses adversaires, plus disparates encore. Dans ce débat trop
schématique, il y a place pour une réflexion critique sur les racines historiques
de la nation allemande et sur une relation franco-allemande faite de
proximité, certes, mais aussi d'affrontements. D'où un examen des paradoxales
responsabilités soviétiques (Gorbatchev) et françaises (de Gaulle,
puis Mitterrand) dans la genèse de l'actuelle hégémonie allemande en
Europe. Sans doute est-il temps, au-delà des clichés négatifs et positifs sur
notre voisin de l'Est, de faire enfin vraiment attention à lui.
Nous publions uniquement les avis qui respectent les conditions requises. Consultez nos conditions pour les avis.